Pour vous, Maubec autrement...!

A Maubec, le promeneur attentif remarque sans nul doute, sur chaque versant de la Montagnette, les murs en pierre qui jalonnent les chemins. La plupart sont éboulés ou cachés sous une végétation envahissante, ils représentent le témoignage d'une vie rurale et paysanne qui s'étiole et disparaît peu à peu.

Il y a 27 ans...

De 1993 à juillet 1994, l'association Patrimoine Culture Maubec Luberon a mis en place un important chantier de restauration de la calade, qui part du bas du vieux village pour rejoindre le début du chemin de lAllée.

La première tranche des travaux, effectués par l'APARE, a débuté sur la partie inférieure avec la reconstruction d'un mur de soutènement, en partenariat avec le propriétaire.

Le vieux village Maubec 84660

Plus récemment, quelques habitants, tel monsieur Fockens, dans la Combe Saint Pierre, remontent avec patience leurs murs éventrés.

Photos:Travaux de déblaiement avant reconstruction.

Combe St Pierre 84660 MAUBEC

Dans la montée du vieux village, sur les hauteurs,

derrière l'église...

d'autres, comme messieurs Guy Blanc et Pierre Chapel, entretiennent avec beaucoup de soin leurs terrasses et murs, dans le respect de la tradition paysagère méditerranéenne.

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Photos: Restanques Maubec 84660 Vieux village.

Mais souvent ignorées, oubliées, elles ne sont plus entretenues...et s'effondrent dans la plus totale indifférence...

Chemin de la Blaque, Maubec 84660

Restanco et bancau

Ces terrasses, appelées BANCAU en Provence, ont été aménagées en raison de la nécessité de cultiver les versants des collines. Elles permettent d'en casser la pente pour obtenir des terrains plats, plus faciles à cultiver, d'éviter que la terre ne se ravine et de drainer les eaux pluviales.

Elles sont soutenues par des RESTANCO, à savoir des murs de retenue en pierre sèche. Les pierres étaient ramassées sur place, à cause de la nécessité d'épierrer les terres pauvres. Le matériau de construction ne coûtait rien et la main d'oeuvre était familiale et gratuite. Quant aux propriétaires aisés, ils faisaient travailler des maçons professionnels.

La technique de construction se plie à des règles strictes. Les pierres utilisées ne sont jamais remontées de l'étage inférieur, elles sont prises sur le même niveau que le bas du mur ou au niveau supérieur. Pour garantir la stabilité de l'ensemble, l'arrière du mur est comblé par une grande quantité de petites pierres, qui permet l'écoulement des eaux et évite le gonflement de la restanque et son écroulement.

Appareillage de pierres
L' appareillage diffère d'un lieu à l'autre sur un même territoire, il est fonction de la nature des pierres récupérées: composition, couleur, grosseur ...
Photo: Gros plan d'un appareillage de pierres.La Montagnette Maubec 2020.

Publication du 05/07/20 Le travail des hommes 2 Les restanques page 2

Le travail des hommes 2

Si, dès le néolithique et à l'âge de Bronze, on relève déjà la présence d'enceintes en pierre, les oppida romains utilisent aussi cette même manière d'élever des murs.

Mais l'importance de ces chantiers d'aménagement de l'espace rural et de cultures de nouveaux terrains a commencé à la deuxième moitié du XVIIIe siècle et s'est poursuivie pendant tout le XIXe siècle pour s'arrêter avec la Grande Guerre.

De fait, la pierre sèche remodèle le paysage et en fait un espace de production. Les planches horizontales des terrasses sont utilisées pour les jardins potagers ou plantées de vignes et de vergers.
Cette utilisation de la pierre en Provence a donc coexisté avec le début de la mécanisation des campagnes.
Ce mouvement agraire n'est pas caractéristique de notre région. Dans les îles britanniques, par exemple, l'utilisation de la pierre sèche se développe aussi à la même époque.

A partir du XXe siècle, les terrasses ne sont plus exploitées. Dans notre monde rural, la majeure partie des agriculteurs n'ont plus la nécessité économique de poursuivre cette technique de construction.

« Les citadins en quête de racines, l'adoptent, l'accaparent, la protègent (fût-elle scellée avec du béton) en font le symbole d'une nouvelle provençalité . Certains, pour mieux se l'approprier (et pour la rendre plus confortable), la démolissent et en habillent leurs maison s» (1).

Beaucoup de restanques sont encore laissées à l'abandon ou détruites.

Cependant, depuis plus d'un demi-siècle, de gros chantiers de mise en valeur ont été entrepris dans les départements de notre région pour rendre à cette architecture ses lettres de noblesse.

Près de chez nous, il faut souligner, de 1982 à 1988, la création sur 5 hectares du Conservatoire des terrasses de cultures de Goult.

La restauration et l'aménagement remarquables de ces restanques ont été réalisés par des volontaires bénévoles de l'APARE, sous l'égide de la commune et du parc du Luberon.

Sur une surface beaucoup plus réduite, la commune de Cabrières d'Avignon a effectué, il y a quelques années, la reconstruction de murs en contrebas d'une des routes d'accès au village.

De même, il faut signaler l'engagement de particuliers. Un exemple intéressant est indéniablement celui de l'abbaye de saint Hilaire à Ménerbes. qui offre au regard un vaste ensemble de terrasses consacrées à la plantation d'oliviers.

Les diverses techniques de constructions relevant de l'art de la pierre sèche en France, comme dans d'autres pays, sont inscrites au patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'Unesco depuis 2018.
Il faut espérer que cette reconnaissance incite les initiatives privées et publiques à poursuivre la sauvegarde d'un patrimoine rural en voie de disparition.

(1) Pierre sèche en Provence Pierre Coste, Editions Les Alpes de Lumière 1989-90, p. 47