Vaucluse
Publication du 14/11/22
ENVIRONNEMENT
ENVIRONNEMENT
Publication du 14/02/21
Cette initiative, programmée sur trois ans, fait suite à un appel à projet du Fonds européen agricole pour le développement rural.
Dans notre région, les élus de la communauté d'agglomération Luberon Monts de Vaucluse travaillent depuis 2019 sur cette action qui vise à reconquérir les friches agricoles de 12 communes sur 16*, en collaboration entre autres avec la SAFER, la Chambre d'agriculture, le Parc du Luberon.
L'Europe et la région SUD (ex PACA) apportent une subvention de 459 000 euros environ, le Fonds européen et la Région un soutien de 556 000 euros pour réaliser ce projet. Cette relance de l'activité agricole incite effectivement les collectivités à faire cultiver à nouveau des terres en friche .
L'intention est louable, le but aussi. Proposer aux agriculteurs de louer ou d'acheter des parcelles, pour développer leur propre exploitation, s'ils sont déjà installés, ou pour des personnes nouvellement converties dans l'agriculture, devrait permettre de dynamiser un secteur fragile et de garantir une certaine autonomie alimentaire. Toutefois, cette démarche ambitieuse ne doit pas être un procès à charge systématique contre les terres en friches.
Il existe deux types de terres incultes : les friches et la jachère.
La jachère est une terre agricole qui n'est pas abandonnée mais qui n'est pas récoltée pendant plusieurs années, notamment en raison de l'arrachage et de la replantation en cas de cultures pérennes.
C'est aussi un système qui a été utilisé par l'Union Européenne pour gérer les surproductions.
Les friches sont des terrains qui ne sont plus cultivées, soit à cause de leur petite surface ou de leur faible rendement soit en raison du marché foncier à bâtir, dont le prix est d'environ 30 à 100 fois plus important que le foncier agricole.
Après l'arrêt des cultures, les friches ont différents stades d'évolution naturelle : aux plantes annuelles, qui y poussent en premier, succèdent des plantes plus diversifiées puis de la pelouse, elle-même remplacée ensuite par la garrigue et enfin par la forêt.
Ce processus s'étale dans le temps: dans la région méditerranéenne, il faut environ un siècle à une friche pour se transformer en forêt. Le feu et le pâturage entravent souvent cette modification au profit de milieux relativement stables comme la garrigue.
Les friches ont des rôles multiples et un grand intérêt écologique:
- la protection des sols contre l'érosion,
- l'épuration des eaux de ruissellement,
- la biodiversité car elles sont riches en oiseaux, insectes, graines, plantes à fleurs, qui attirent les auxiliaires pollinisateurs,
- la conservation des ressources génétiques de la flore sauvage.
D'ailleurs, certaines communes rurales maintiennent sur leur territoire des terrains en friche comme réserve naturelle.
Il faut souligner aussi que ces parcelles de terrain sont convoitées et parfois honteusement estimées à un prix incroyablement bas (50 centimes le mètre carré).
Toutefois, des questions émergent, questions que l'on est en droit de se poser :
- Quel sera le résultat final de cette initiative à plus ou moins long terme?
- Les acquéreurs seront-ils les protecteurs de l'agriculture locale et des circuits courts?
- Ces friches resteront-elles toujours des terrains cultivables face à la pression foncière, à une urbanisation constante du monde rural et à l'attitude paradoxale qui consiste à bétonner des terres fertiles dans des zones péri-urbaines au profit de zones commerciales ?
- Les révisions ou les modifications des PLU**, au fil des années, pourraient en transformer certaines en terrains constructibles, notamment les fameuses « dents creuses »** *aux abords des villes et des villages ?
Ce serait alors une aubaine pour les acquéreurs et un leurre pour les vendeurs.
L'avenir nous le dira. Mais il est certain que les collectivités ont une immense responsabilité décisionnelle pour préserver l'environnement et par conséquent pour garantir la qualité de vie des générations futures.
* Cabrières, Gordes, Lagnes, Lourmarin, Maubec, Mérindol, Oppède, Robion, Puyvert, Vaugines, Lauris, Puget.
** Révision ou modification du PLU : le PLU peut être révisé ou modifié de différentes façons :
1. La procédure de modification simplifiée, à l'initiative du maire, est mise à disposition du public. La mise en place d'une concertation est facultative. Elle est notifiée aux PPA (personnes publiques associées).
2. La modification (normale), à l'initiative du maire, nécessite une enquête publique après notification aux PPA. La concertation est facultative .
3. La procédure de révision allégée (supprimée par ordonnance du 5 janvier 2012) est prescrite puis approuvée par délibération du conseil municipal. La concertation est obligatoire de même qu'une enquête publique, avec examen conjoint des PPA.
4. La révision du PLU rend la concertation obligatoire de même que l'enquête publique, après consultation des PPA. La délibération est prescrite puis approuvée par le conseil municipal.
Crédits
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Photos: M. Grégoire, M. Barre, C. Vultaggio, Lucie R,
M. Camoin, M-L. Llamas,
Sylvana Macaigne
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