Vaucluse
Publication du 29/03/23
Il est élaboré sur décision du Préfet par les services de l'Etat. Il permet:
* de délimiter les zones exposées aux risques d'inondation et d'y prévoir des interdictions ou des prescriptions spécifiques(portant sur les constructions, ouvrages, aménagements, exploitations...)afin de ne pas aggraver le risque pour les vies humaines,
* de délimiter les zones qui ne sont pas directement exposées aux risques mais où les mesures d'interdiction ou des prescriptions sont prévues afin de ne pas aggraver les risques existants et de ne pas en provoquer de nouveaux.
Le PPRI doit être annexé aux plans locaux d'urbanisme (PLU) et aux cartes communales.
Le PPRI de MAUBEC
Comme toutes les autres communes, Maubec a un PPRI, qui date de 2002, mais qui n'a jamais été validé et donc jamais appliqué.
Il définit deux zones à risque inondation:
- l'une proche du Coulon, en cas de fortes pluies en amont et de l'augmentation du débit de la Sénancole dans ce même contexte;
-l'autre, entre la Montagnette et le Luberon, non pas à cause de la montée des eaux du Coulon, bien en contre-bas par rapport à cette zone; celle-ci s'étend du camping jusqu'au Bouteiller ainsi que tout le long de la Montagnette.
Lors du conseil municipal du 22 février 2023, le maire a estimé que ce PPRI présente "de fortes contraintes, qui impactent très sensiblement (?) les parcelles de la zone". Il a donc demandé aux élus d'émettre "un avis défavorable sur le projet du PPRI" car les risques ne sont plus aussi problématiques de nos jours. Les 15 élus de la majorité ont voté selon la consigne du maire, un élu minoritaire s'est abstenu, les 3 autres ont voté contre. Une enquête publique sera mise en place à une date pas encore fixée.
Le rejet d'un PPRI entraîne la modification du PLU. Dans le cas de Maubec, il consistera à atténuer les actuelles mesures contre le risque inondation, à réduire ou même à supprimer certaines contraintes, facilitant ainsi de nouvelles constructions.
Qu'en est 'il sur le terrain?
Le Petit Luberon est constitué de roches karstiques. Dans ce type de terrain, les résurgences sont des sources dont les eaux apparaissent en surface au terme d'une circulation entièrement souterraine. Elles ont un débit important, notamment en cas de fortes pluies.
Trois sources de ce type sont présentes au camping, et dans le quartier du Bouteiller au pied du Luberon.
Ces eaux étaient en très grande partie canalisées par des "mines", à savoir des conduites d'eau souterraine en pierres, pour être ensuite récupérées dans des bassins pour l'arrosage des cultures. D'où le nom d'un lieu dit: Le Jardin. Le peu d'eau de surface s'évacuait, rapidement résorbée par la terre. Car à part quelques très rares habitations, les terrains étaient agricoles.
Déjà pendant l'été de l'année 1975, en raison de pluies brèves mais diluviennes, l'eau des sources juste au-dessus du camping a envahi le lieu: un conseiller municipal a dû mettre les campeurs à l'abri car l'eau passait sous les tentes. Alors que le Bouteiller débordait et avait inondé les champs jusqu'à la route de Ménerbes, les mines étant à saturation.
Depuis un peu plus de 50 ans environ, l'urbanisation de cette zone a commencé. Aucune mesure n'existant à l'époque, aucune contrainte particulière n'étant en vigueur, es permis de construire ont été accordés sans que les acquéreurs ne soient informés des caractéristiques des lieux et de la présence de sources.
C'est ainsi que, pour ne citer qu'un exemple, au Bouteiller, certains nouveaux habitants ont eu la surprise de découvrir lors de fortes pluies leur cave totalement inondée ou leur garage devenu inutilisable, l'eau de la source remontant dans leur maison.
Cette urbanisation s'est amplifiée par la suite au pied de la Montagnette. Les permis de construire se sont multipliés. Lors des travaux de construction et d'aménagement divers les mines ont été détruites, les lieux bétonnés, permettant à l'eau de se répandre dans les terrains, sans toujours pouvoir s'écouler rapidement.
Aujourd'hui l'urbanisation galopante se poursuit dans ces quartiers. Elle s'est amplifiée, elle est et sera toujours plus un obstacle aux réseaux pluviaux qui régulaient l'eau de pluie et aux écoulements naturels.
Pourquoi les élus minoritaires ne rejettent pas le PPRI 2002?
- Parce que refuser ce plan datant de 2002, en invoquant des risques moins importants, sans arguments précis, nous laisse perplexes. En effet, en 20 ans l(urbanisation de ce périmètre a pris encore un énorme essor, et elle sera sans nul doute amplifiée au maximum.
Dans ce contexte, refuser ce plan sans tenir compte des aléas connus de tous les Maubecquois de souche ou installés dans le village depuis de nombreuses décennies, fait courir le risque aux élus d'avoir à assumer la responsabilité de cette décision, en cas d'inondations.
- Parce-que, sans aller jusqu'à un imprévisible scénario catastrophe, comme cela s'est déjà vérifié dans d'autres lieux, le "simple" fait d'avoir par exemple des habitations inondées ou endommagées, des murs de clôture emportés, ou tout autre dégât nous semblent possibles, au vue justement de l'augmentation des constructions.
Tout en espérant vivement que ce genre de situation ne se réalise jamais mais au vu du PPRI de 2002, le risque existe même si on le supprime sur le papier.
- Parce-que le maire n'a fourni aucunes justifications précises justifiant le refus de ce PPRI, à l'exception de la revalorisation des terrains. Ce qui sous-entend un prix de vente plus élevé.
- Parce - qu'enfin, la mise en place du PPRI est effectuée par des professionnels, des techniciens, des spécialistes en hydrologie en partenariat avec le Conseil Départemental et le SDIS (Service Départemental d'Incendie et de Secours) - où notre maire a exercé la profession de pompier.
On ne peut imaginer un seul instant que toutes ces personnes puissent avoir une vision exagérée du risque inondation. Le travail de ces professionnels , chacun dans leur domaine n'a qu'un seul objectif: la sécurité des habitants et par conséquent la mise en garde des élus sur leur responsabilité.
Il nous paraît essentiel de leur faire entièrement confiance, d'autant qu'ils travaillent sur des données qui leur garantissent une connaissance précise du terrain.
Quelques autres informations de terrain!
D'autres réseaux de "mines" existaient à Maubec. Ceux-là aussi ont été détruits lors de réalisation de projets immobiliers ou de nouvelles constructions:
- Le quartier des Rigons en a gardé une misérable trace. Des conduites d'eau convergeaient en amont du bassin de rétention actuel et approvisionnaient les puits de ce quartier. Leurs disparitions contribuent à l'inondation du stade, lors de fortes pluies.
-Un autre important réseau de "mines" traversait les quartiers de Bagnolet et de Bagnols et continuait jusqu'au Coulon où ses eaux se déversaient. Il a été passé sous silence pour permettre les constructions que nous y voyons aujourd'hui. C'est aussi une partie du patrimoine local qui a été détruit pour des raisons que chacun pourra imaginer.
L'avenir est une porte, le passé en est la clé. Victor Hugo
Camping de Maubec
Novembre 2019
Chemin de L'Ara le 23/11/2019
Stade de Maubec
le 23/11/19
Crédits
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Photos: M. Grégoire, M. Barre, C. Vultaggio, Lucie R,
M. Camoin, M-L. Llamas,
Sylvana Macaigne
Archives: M-L Llamas
pourvous.maubecautrement@gmail.com
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